Etape 72 - Gand - Les primitifs flamands du musée des Beaux-Arts
Mercredi 5 février 2019. Le musée des Beaux-Arts*** est en quelque sorte le frère jumeau du Groeningen museum de Bruges. Comme celui-ci, il présente une importante collection de peintres primitifs flamands de tout premier ordre. Et il n'était donc pas question pour moi de quitter Gand sans aller le visiter. C'est donc de bon matin, et dès son ouverture, que je me rends dans ce musée. Un des grands moments de mon périple dans les Flandres. Et en matière de peintres primitifs, je ne vais pas être déçu. Je commence donc ma visite avec ce magnifique tableau de Maertin de Vos, La Famille de Sainte-Anne (1585).

Maerten de Vos est considéré comme le précurseur de la grande école baroque d’Anvers. Ce peintre peint aussi bien des portraits que des scènes religieuses monumentales. Le tableau La Famille de Sainte Anne, est signé et daté de 1585 dans la partie centrale supérieure.

Selon la légende de la vie de Sainte Anne, qui remonte au XIIIème siècle, la jeune femme se serait mariée trois fois et chaque union aurait donné naissance à une fille. Lorsqu’elle donna naissance à Marie, la mère de Jésus, Anne était déjà très âgée. Sur la peinture de Maerten de Vos, Marie est assise au centre et porte l’Enfant sur les genoux. Assise à côté d’elle, nous voyons Elisabeth et non, comme de coutume, Sainte Anne, sa mère.

Le fils d’Elisabeth, Saint Jean-Baptiste, se trouve devant elle. Le couple âgé, à droite de l’arcade, n’est autre qu’Anne et son troisième époux, Joachim, et leur fille Marie. Les demi-soeurs de Marie se trouvent à gauche et à droite à l’avant-plan. A l’arrière-plan, nous voyons, de gauche à droite, Zébédée, Zacharie et Joseph, les époux respectifs de la demi-soeur de Marie, d’Elisabeth et de Marie. Par une échappée dans l’architecture, nous voyons la scène de la rencontre de Marie et d’Elizabeth.

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Le Calvaire (1543) de Maarten van Heemskerck provient du couvent des Riches-Claires à Gand. Divers éléments de la Passion sont réunis au sein d'une même scène. |
Le Christ crucifié pend entre le bon et le mauvais larron, surplombant la foule de très haut. Un soldat tend une éponge imbibée de vinaigre pour étancher la soif de Jésus, un autre regarde le mourant avec respect.

À l'avant-plan, d'autres soldats jouent aux dés pour s'approprier les habits de Jésus. À gauche, nous voyons Marie, la mère de Jésus, s'évanouissant dans les bras de l'apôtre Jean. Aux pieds de la croix, accablée de chagrin, Marie-Madeleine tend les yeux vers le Messie.

Vêtu d'un surplis, l'auteur de la commande est agenouillé en bas à gauche. Son identité est inconnue. Reproduits avec virtuosité, les chevaux à l'arrière-plan ne sont pas peints d'après nature, mais sur base de croquis d'exemples de l'Antiquité réalisés par Maarten van Heemskerck en Italie, où il aura séjourné de 1532 à 1535.

Eblouissant de maîtrise, un autre Calvaire, mais cette fois-ci, de Jan Provoost, exécuté en 1515. La palette resplendissante et l’animation chaotique des nombreux personnages imbriqués constituent le premier aspect frappant de ce Calvaire et sont caractéristiques de l’oeuvre de Jan Provoost. |
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Plusieurs personnages, comme le cavalier, Marie-Madeleine, Jean l’apôtre et les saintes femmes, sont des copies littérales de gravures ou de peintures, notamment de Rogier van der Weyden.

Pour le chien, l’artiste s’inspire d’Albrecht Dürer. Provoost dépeint la crucifixion du Christ, mais certains personnages sont étrangers au récit biblique et clairement contemporains de l’artiste: le jeune homme au béret noir au-dessus des saintes femmes à gauche, le personnage harnaché sous la croix et l’obèse vêtu de rose à droite.

Une vue de Bruges à l’arrière-plan nous montre l’ancienne église de Saint-Donatien et la forteresse dite des Sept Tours, aujourd’hui disparues.

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A voir également, cette Adoration des mages réalisée par un artiste inconnu, vers 1520. |


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